Festival de la médina : La troupe égyptienne «Al tannoura»
La Presse | Publié le 25.08.2011
Couleurs, chants et spiritualité
La troupe égyptienne «Al tannoura» s’est produite lundi dernier au Théâtre municipal, devant un public modeste venu découvrir un show aux couleurs orientales. Cette troupe, fondée en 1988 et qui compte 60 membres entre musiciens et derviches tourneurs, donne des spectacles où s’allient danses et chants liturgiques qui ressuscitent une forme d'art traditionnel qu'on a tendance à oublier.
Huit musiciens sur scène ont ouvert le bal avec des airs orientaux classiques, où le rythme de la «darbouka» se mélange au son des castagnettes et aux notes de la flûte, offrant au public une palette de la musique égyptienne, puisée dans le répertoire populaire. Puis, on eut droit à une série de solos instrumentaux des trois percussionnistes et du flûtiste, avant que, sur des rythmes frénétiques, le derviche tourneur, Hani Amine, ne fasse son entrée sur scène. Vêtu d’une tenue étincelante de couleurs avec une jupe en lamé, relevée par des losanges en vert, rouge, jaune…, il a exécuté des mouvements circulaires de plus en plus rapides, tournant sur lui-même, comme une toupie. Sa jupe se relevait pour se transformer en cerceau, enchantant le public et lui faisant découvrir les spécificités de cette danse mystique dont le père n'est autre que Halim Erroumi, mais qui était quand même porteuse d'une certaine gaieté, sans en atténuer le côté spirituel.
Sur un chant liturgique intitulé «ila mata» (jusqu’à quand) qui célèbre le mois saint, Hani Amine est ensuite entré dans un rythme effréné traduisant une obédience sans limite envers le Créateur. Toujours accompagné par des chants louant le Prophète Mohamed et les saints hommes (Sidi Abdel Kader, al Husayn...), le tourneur commence à lever la main droite et baisse la gauche, comme pour établir un lien entre le ciel et la terre. Tout en continuant à tourner sur lui- même, il s'est ensuite mis à défaire une à une ses jupes, qui se sont avérées être plusieurs, symbolisant peut-être la disparition des problèmes de la vie, ou plutôt la lutte contre les tentations terrestres pour accéder à un état de spiritualité absolue. Pour la deuxième partie de la soirée, changement total de registre. Le flûtiste nous a offert une merveilleuse interprétation instrumentale de célèbres chansons populaires et légères libanaises, dont Ana ma fiya de la star Najwa Karam et une autre du patrimoine traditionnel libanais intitulée Chokolata. Un intermède, en fait, avant que le spectacle ne prenne fin sur le rythme des instruments à percussions et que les deux derviches tourneurs ne nous présentent la dernière danse. Dans une chorégraphie parfaitement exécutée, ils ont tourné sur eux-mêmes mimant le mouvement de la Terre, devenant de plus en plus rapides, justes et complémentaires, soutenus par un tonnerre d’applaudissements d’un public charmé par ce show haut en couleur. Une soirée à mettre à l'actif des responsables du festival de la Médina qui ont la main heureuse en nous proposant cette troupe.
Héla Sayadi